Aller au contenu principal

De la préhistoire à nos jours

Un site toujours habité par l'homme

La préhistoire

  • Il ne faut pas en douter : ce site, sur les bords d'un cours d'eau, le Bruant, enchâssé entre deux falaises fut de tout temps choisi par l'homme.
    Sous le château actuel, se trouvent des grottes dont le mobilier préhistorique montre qu'elles étaient habitées à l'époque moustérienne (- 120 000 ans), aurignacienne (- 40 000 ans) et magdalénienne (- 10 000 ans). En d'autres endroits de la forêt qui entoure cette demeure, subsistent : là, l'enceinte d'un village gallo-romain, ici des tombes mérovingiennes et, bien avant l'actuel logis, des restes de murs du XIe siècle : le lieu porte alors le nom de ROMETTE.

Le moyen-âge

  • Autour de 1475, Jehan II de Latour fait construire une forteresse composée de deux corps de logis, avec quatre puissantes tours et un donjon massif. Ce château fort, construit en forme de triangle sur un éperon rocheux, est naturellement défendu par le marais. Au nord, en avancée, la tour de la Fuye monte la garde. Après trois siècles de conflits avec les Anglais dans notre région, il n'est pas possible de construire un château autrement que fort et défensif, près de Rochefort. En 1603, Jacques de Courbon, ayant épousé Jeanne de Gombaud en 1595, libère totalement ROMETTE d'une indivision de cent treize ans. C'est alors qu'accordant les vocables de La Roche et de Courbon, apparaît LA ROCHE COURBON qui sera désormais le nom du lieu.

Le 17ème siècle

  • Au XVIIe siècle, Jean-Louis de Courbon, petit-fils de Jacques, transforme La Roche Courbon comme on peut le voir sur le tableau du peintre hollandais Jan Hackaert (1628-1685). Le château est à l'apogée de sa beauté, entouré de somptueux jardins à la française qui verront le jour avant ceux de Versailles. De larges fenêtres sont percées au levant comme au couchant, le toit est muni d'ouvertures à la Mansart. Un élégant balcon est construit en avancée sur des arcs en anse de panier, soutenu par cinq colonnes d'ordre toscan. Un escalier à double palier descend vers les jardins, bordés par le paresseux Bruant. Les abords sont harmonisés avec une esplanade épaulée, en surplomb du cours d'eau, par une haute muraille et flanquée de deux pavillons Louis XIII coiffés d'ardoises en écailles de poisson, miracle d'élégance.

Le 18ème siècle

  • Un autre précieux document, signé vers 1710 par Claude Masse (1652-1737), architecte militaire de Louis XIV, montre que le corps de logis Est et deux puissantes tours n'existent plus. On pense qu'un incendie a détruit une partie importante du bâtiment. La suite du XVIIIe siècle ne voit pas beaucoup de propriétaires sinon, en 1785, le marquis Sophie-Jacques de Courbon Blénac qui, pour 240 000 livres, retrouve le bien familial. Il se fixe au château, entreprend une suite d'embellissements : le monumental escalier de pierre desservant les étages pour l'intérieur et les grilles en fer forgé, armoriées, dans les jardins.

Le 19ème siècle

  • La Révolution survenant et le marquis n'ayant pas émigré, le château n'est pas vendu comme bien national. En 1817, sa fille vend le domaine aux enchères. Commence alors le long sommeil de La Roche Courbon, avant sa seconde renaissance au XXe siècle.

Le 20ème siècle

  • «Qui veut sauver de la mort une forêt avec son château féodal campé au milieu, une forêt dont personne ne sait plus l'âge.» C'est en ces termes que paraît, en 1908, une page écrite dans Le Figaro par Pierre Loti concernant La Roche Courbon et ses entours. En 1920, un saintongeais né à Échillais (17), polytechnicien passionné d'art, Paul Chénereau est ému par cet appel et promet au poète qu'il sauvera La Roche Courbon. Il mène alors de front son industrie de conserves alimentaires à Rochefort et Madagascar et la Société du Domaine de La Roche Courbon qu'il fonde en 1925 avec son père et l'un de ses frères. Dès lors, il consacre son intelligence, un goût inné et sa fortune à la restauration du château et de son écrin de verdure.

  • De 1928 à 1939, éclôt lentement le jardin à la française que l'on peut admirer sur les vues du domaine . Le château est remis en état et meublé. L'exceptionnel cabinet des peintures , qui a beaucoup souffert de l'humidité, est restauré. Paul Chénereau complète cet ensemble ressuscité par deux heureuses innovations : dans les combles du château, sous la charpente en forme de carène renversée, la chapelle dédiée à Saint-Michel; dans une grange agricole désaffectée, la construction d'un théâtre, ennobli par un escalier à balustres et une porte du XVIIe siècle.La guerre de 1939-1945 passée, le domaine, classé Monument Historique en 1925 pour partie et en 1946 dans son ensemble (château, jardins et parc), s'ouvre à la visite. C'est alors un enchantement pour les gens de la région que de découvrir cette résurrection. En 1967, il laisse à ses enfants, Marie-Jeanne et Jacques Badois, la charge de maintenir le domaine. C'est au tour d'un centralien de se battre.

Le 21ème siècle

  • Sur les bâtiments, avec l'aide de l'État, de la région et du département, trois campagnes de restauration remettront en état la Tour Nord, le corps de logis (charpente et toitures) et la Tour Sud. En 2003, c'est à la restauration des communs Nord (56 m de long) qu'il fallait s'atteler : les voûtes s'affaissent et menacaient de s'écrouler. Une première étape de mise sous étais de ces voûtes a été menée à bien durant l'hiver 2003-2004. Une étape suivante de consolidation des murs et de restauration des charpente et toiture a été exécutée durant l'hiver 2006-2007. La dernière tranche s'est achevée en 2010. En octobre 1990, un terrible incendie a dévasté un bâtiment de 750 m2 appelé «La Grange». Il a été restauré et accueille maintenant des manifestations à caractère professionnel ou familial et toute sorte de loisirs en Charente Maritime.

  • Dans les jardins, sur les parties ajoutées par Ferdinand Duprat, une importante superficie avait été conquise sur les marais (défense du château primitif). Il fallait donc reconstruire l'ensemble, enfoncé dans la vase, sur pilotis. Chaque année, une campagne de travaux est entreprise : des pieux en bois sont enfoncés, sur lesquels des solives puis des planchers sont cloués pour reconstruire au-dessus une balustrade, une échauguette, un embarcadère ou plus simplement gazons ou chemins. On ne peut malheureusement pas passer sous silence les terribles ravages que nous avons vécus la nuit du 26 au 27 décembre 1999. Il a, en effet, suffi de 5 h de vents soufflant jusqu'à 220 km/h pour mettre à bas la forêt chantée par Pierre Loti. Avec l'aide des pouvoirs publics et grâce à AMICOUR (Association des Amis de La Roche Courbon), nous débardons et broyons chaque année. Des milliers de stères ont été sortis des bois et nous replantons des alignements de chênes, tilleuls ou érables champêtres. Nous laissons aussi la nature se régénérer. Il reste encore beaucoup à faire puisqu'environ 90 ha sur les 150 de forêt du site ont été détruits.

L'avenir

La continuité des travaux d’envergure et l’entretien courant sont possibles grâce à trois éléments importants : Le premier tient dans le développement du nombre de visiteurs; chacun, par sa contribution apporte sa pierre à sa sauvegarde. Le deuxième est l’aide que consentent la Direction des Affaires Culturelles et le Conseil Général pour les travaux les plus importants . Enfin et surtout, c’est un ensemble de personnes qui aime La Roche Courbon et la sert avec dévouement dans le cadre d’une gestion attentive. Une collaboration nécessaire entre les générations a été construite et perdure : elle développe imagination et projets et tente, tout en gardant le sens de l’histoire du lieu, d’aller de l’avant. Il y a longtemps que nous savons que rien n’est acquis, et que, si l’horizon est facile à apercevoir, l’atteindre fait partie des mirages : mais ce n’est pas une raison pour s’arrêter de naviguer. Laissons conclure le marin, poète et académicien que fut Pierre Loti : « Je m’en suis allé courir par toute la terre. Entre mes longs voyages, je revenais comme un pèlerin ramené pieusement par le souvenir, me disant chaque fois que rien des lointains pays n’était plus reposant ni plus beau que ce coin si ignoré de notre Saintonge ».